Conversation 44565 - Le Saint Beni
Bonsoir,
Pouvez-vous s'il-vous-plaît m'indiquer ce que signifie vraiment l'expression "Hakadoch Barouch Hou"/"הקדוש ברוך הוא" ?
Merci
Très bonne question, vous savez certainement qu'on traduit cette expression mot à mot par l'expresion "SAINT BENI SOIT IL". Mais la question curieusement demeure, la traduction n' a pas expliqué l'expression. C'est le problème geeneral de la traduction de nos prières en français, Remplacer l'expression "Hakadoch Barouch Hou", par "SAINT BENI SOIT IL" ne nous suffit pas , le vocabulaire rreligieux du français est enraciné dans une conception chretienne du monde et on a beau comprendre les mots traduits dans notre langue maternelle, la traduction demeure étrangère. Il faut pourtant traduire, expliquer.
Cette expression présente un antagonisme fondamental:
Le terme Kadosh renvoie à l'idée de radicalement autre, Celui qui n'a rien de commun avec aucun des élements de la Création, qui est incomparable. Le terme de Barouh' renvoie à une dimension d'amour.
Il est tout à la fois: infiniment distant, incomparable, il est cependant Celui qui est absolument bon , dont l'amour s'étend à toutes les créatures. Il surmonte cet antagonisme en étant à fois "kadosh" et à la fois " barouh' "
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Merci pour votre réponse.
Les Séraphim, du haut de leur monde, Beriya, déclarent "Kadosh, Kadosh, Kadosh". Ils feraient ainsi preuve de « lucidité », ayant pu constater, des hauteurs paroxysmiques qui sont les leurs, que Dieu n’est qu’altérité absolue, et ce vis-à-vis des trois mondes (d'où les trois Kadosh).
Les Hayot, tout comme les Ophanim, déclarent quant à eux : "Baroukh Kevod Hachem Mimekomo". Ces derniers évoluent dans des mondes moins élevés que Briya. Leur velléité ne peut y être démentie... cet amour que vous évoquiez, cette proximité semblent encore envisageables…
Mais cet amour, qui induit une certaine proximité, n’est-il pas un leurre ? Devons-nous tenter de côtoyer les sphères les plus élevées, à l'image des Séraphim, pour être convaincus du triple "Kadosh" dès lors implacable ? En somme, l'aveu des Séraphim n'est-il pas finalement signe de pragmatisme ?
Si l'antagonisme que vous évoquiez est mis en exergue à chaque instant par ces anges, qui se voient cloîtrés dans leur rôle respectif, selon une hiérarchie minutieuse, pourquoi l'homme devrait-il s'y soustraire ?
Si l'on admet que spirituellement, l'homme peut, au mieux, atteindre le niveau de Beriya, quelle nécessité, depuis ce « point culminant », à retourner en arrière pour déclarer : "Baroukh Hachem Mimekomo" ? Cet amour n'est-il pas, finalement, une illusion, trahissant notre ignorance de l'altérité absolue de Dieu, dont ont conscience les Séraphim ?
Par suite, l'aboutissement ultime des hommes, tel que la Torah le préconise, est-il une transfiguration en Séraphim, nous cantonnant, à notre tour, dans ces Kadosh inexorables (et quelque part fatalises) ?
Comment résoudre ce conflit que les anges ravivent à chaque instant ?
Je vous remercie
Je me permettrai pour commencer de revenir sur la traduction de l'expression qui figure dans le titre.
Elle signifie très exactement que Lui qui est saint est aussi Source des bénédictions.
D'autre part, cette sainteté, ainsi que vous y faites allusion, se distribue seon trois dimensions qui sont évoquées de manière plus précise dans la traduction araméenne de la qédoucha que nous prononçons (à voix basse) dans le texte de la téfila qppelé "ouva léTzion goel".
Mais votre développement ne tient pas compte du fait qu'au moment où cette liturgie est réalisée (et pas seulement racontée, comme dans ouva léTsion), c'est-à-dire au moment de la qédoucha faite avec minyane, l'assemblée d'Israël dont chaque minyane est une instance représentative s'élève à la hauteur des séraphim (et d'ailleurs les dépasse mais on ne le dit pas pour ne vexer personne).
Il n'est d'ailleurs pas exact que l'homme ne puisse atteindre, au mieux, que le niveau de bériya.
Par ailleurs, chaque ange, c'est sa fonction, assure une tâche qui lui est allouée, mais l'envergure de l'homme, dans son principe, va d'une extrémité du monde à l'autre.
Enfin, l'affirmation HaQadoch Baroukh Hou, Celui qui est saint est aussi source des bénédictions est une expression, parmi d'autres, du monthéisme absolu d'Israël. Celui qui nous appelle à la rigueur de la sainteté est Celui-là même qui ne désire que nous combler de Ses bienfaits. Réaliser Sa volonté signifie agir en sorte de devenir capable de recevoir ce qu'Il désire nous donner.