Conversation 68922 - Nakh et Halaha

eyrol
Dimanche 28 avril 2013 - 23:00

Chalom,

Comment se fait-il que nombre de halahots concernant la vie de tous les jours (comme par exemple des règles de rière de la Tefila de Hannah) soient tirées du Nakh, alors que la Guémara de Baba kama (les premières pages, je crois) nous enseigne qu'on ne tire pas de lois à partir du Nakh?

Une autre question me vient a l'esprit: A quoi sert le Nakh si on ne peut pas s'en inspirer au niveau Hilkhatique? Je ne veux quand même pas lui donner une valeur réductrice;, mais j'aimerais comprendre...

Merci de vos réponses qui nous sont d'un grand secours!

Rav Samuel Elikan
Mercredi 1 mai 2013 - 09:44

Shalom,

1. La guemara dans BK 2b (en haut) ne dit pas qu'on n'apprend pas d'halah'a du Nah' ! Elle dit qu'on n'apprend pas d'un passouk dans les Nevi'im les lois qui sont contenues dans un passouk de la Torah. C'est-à-dire que s'il y a un "limoud", comme par exemple une "guezera shava", alors les versets des prophètes n'ont pas le même poids, la même valeur que les versets de la Torah. Mais si cela nous aide à comprendre les mots du verset de la Torah (comme c'est présentement le cas avec le mot "neguih'a") - alors on peut apprendre des "divrei kabala" - propos des prophètes.
C'est-à-dire que les propos du NaH' nous servent d'une part de "guilouy milta", de preuve qu'une certaines habitudes existaient ou que certains mots ont telle et telle signification.
D'autre part, on apprend cependant de nombreuses lois du Nah' - par exemple, on apprend les lois de Shabat qui touchent le respect du shabat (kvod hashabat - comme l'interdit de faire des choses liées à la semaine et 'oneg shabat [1]).
Ces "divrei kabala", certains décisionnaires pensent qu'ils ont le même statut que des commandements de la Torah [2].

Il est à noter, en outre, qu'il existe différents avis sur le lien qui existe entre la halah'a et la prophétie. Il y a une règle qui dit que le "prophète n'est pas à même d'innover des lois". Cependant on voit que c'est le contraire. Alors la guemara (à plusieurs endroits différents [3]) dit que les prophètes n'ont fait que rappeler des lois qui furent oubliées. Quoi qu'il en soit on apprend la loi du NaH'.

2. Il vous faut comprendre que le judaïsme ne se limite pas à la halah'a (hormis dans l'école de Brisk peut-être et encore...) et que les prophètes nous enseignent énormément de choses: notre lien au monde, la nécessité de l'éthique, la vision prophétique, une certaine eschatologie, de nombreuses histoires qui forment notre identité, ou encore des "paroles du cœur" (pour Tehilim par exemple) ou des propos de Sagesse (Mishlei, Kohelet) etc. Sa richesse n'est vraiment pas limitée, il faut l'étudier pour le découvrir.
Quoi qu'il en soit, on est astreint à l'étudier, parce que cela fait partie intégrale de la Torah [4].

Sources :
[1] cf. TB Shabat 150a, etc.
[2] cf. Pri Megadim, Ptih'a Kollelet sur OH I, 19; Tzemah' Tzedek HaYashan, 28, etc.
[3] cf. TB Shabat 104a; Yuma 80a et Meguila 2b
[4] cf. Sh. Ar. YD 246,4