Conversation 73076 - Histoires propres et figurées

leonz
Lundi 23 décembre 2013 - 23:00

Bonjour,
J'aimerais vous relancer par rapport a ma dernière question que j'ai envoyé déjà depuis plus de 2 semaines... j'ai bien peur que le site l'ai égarée dans le système donc voici ce qu’étais ma question :

A partir de quand on peut dire que les haggadot (histoires) rapportées dans la guemara sont a prendre au sens propre ou au sens figuré ?

Et si elle parle au sens figuré, pourquoi fait elle ça ?

Rav Samuel Elikan
Jeudi 2 janvier 2014 - 07:32

Shalom,
Bien que certains rabbins les aient comprises au sens propre (1), il semblerait qu'il faille surtout les comprendre, surtout celles illogiques, dans un sens figuré, allégorique (2). De manière générale, ces enseignements rabbiniques viennent nous donner une idée ou expliquer le sens profond d'un verset et ne cherchent pas à être "authentiques" (3). La raison à cela est que cela permet d'exprimer une idée complexe simplement et que celle-ci peut être comprise à différents niveaux (4).

Il existe différentes approches "allégoriques" certaines plus philosophiques (Rambam, Maharal, Ramh'al, Rav Kook, Ben Yehoyada, Maharsha, etc.), d'autres bien plus kabalistiques (Benayahou, Gaon de Vilna, Ari, etc.).

Cordialement,

Sources:
(1) "Les rabbins allemands" tel que les cite Abarbanel dans Yeshouot Meshih'o II, 1.
(2) C'est l'avis le plus répandu: Rambam, dans ses introductions (mishna et perek h'elek); Rabbi Avraham fils du Rambam, dans son article du les enseignements rabbiniques; Ibn Ezra dans son intro. à la Torah; Rashba comm. sur les Agadot, Berah'ot 6a; Rabbi Yedaya HaPnini Bendarshi rapporté dans resp. Rashba I, 418; Rabbi Hillel de Vérone dans Tagmoulei Nefesh 25a-b; Markevet HaMishne sur Avot 3,15; Abarbanel, préc. cit. au nom du Ralbag (Guersonide), de Rabbi H'anoh' de Constantine, de Rabbi Shemouel Motot et de Rabbi Levi fils de Rabbi Avraham.
(3) Rav Hai Gaon dans Otzar HaGueonim sur H'aguiga, rép. 67; resp. Rav Hai Gaon (dans "Toratam shel Rishonim"), siman 12; Kouzari III, 68-73; Rabbi Yehouda Bartzeloni sur Sefer Yetzira, p. 43-45; cf. aussi Rabbi Yedaya et Rabbi Hillel préc. cités. Il est à noter l'avis du Rav Nah'man Kroh'mal (Moreh Nevouh'ei HaZman, portique 14) qui soutient que tout récit illogique ou absurde est le fruit d'un copiste pernicieux qui a ajouté son histoire sans consulter les rabbins et seuls les récits qui semblent être authentiques le sont, tout le reste étant le fruit d'"hérétiques".
(4) Rambam, introduction au Guide des Egarés et III, 43.

leonz
Mercredi 1 janvier 2014 - 23:00

Merci pour votre réponse.
Je voudrais maintenant savoir d'après cette réponse, a partir de quand peut on dire qu'une haggada est illogique, donc savoir quelle est la limite de la logique ?

Rav Samuel Elikan
Lundi 6 janvier 2014 - 06:15

Shalom,
Je crois qu'il faut comprendre le terme "illogique" dans le sens d'invraisemblable, d'extraordinaire (voire burlesque tant c'est éloigné de la réalité que l'on connaît), comme par exemple les aggadot de Rabba bar Bar H'anna.
Il existe une grande discussion au Moyen-Âge déjà, et apparemment chez nos Sages, avant cela, si l'allusion doit être intelligible et comprise en tant que telle, "logique", vraisemblable (c'est l'avis du Rambam dans l'intro. au Guide et Rav Sa'adia Gaon au début de son comm. sur Mishlei) ou si, étant donné qu'elle n'est qu'une allusion, une métaphore, elle n'a pas de valeur en tant que telle, car elle n'est qu'un outil à la compréhension (Ramban, dans ses écrits, Rabbi Méïr Ibn Gabbai, Maharal, Or H', etc.).
Cordialement,